J'aime le silence de la nuit. J'aime les bruits qu'ils le contrarient, le révèlent, le font entendre : le démarrage vrombissant de la chaudière, la poussée d'eau chaude qui gonfle les tuyaux, les cliquetis dans le ventre des radiateurs... J'aime la chute de la goutte d'eau du robinet de la cuisine, elle s'écrase sur la surface liquide du fond d'un verre : les ondes circulaires atteignent allègrement la paroi de mon crâne.
Une table. Des livres. Un cahier. Des stylos. L'écran de l'ordinateur crève la nuit. Un paquet de cigarette à portée de main, un briquet, un cendrier. La profondeur du ciel de nuit retenue par le cadre de la fenêtre dessine les ramifications de l'arbuste dénudé. La suspension se prolonge. Hier comme demain s'annulent. Nul regret, nul attente. Là, comme cela, tout me va!
A l'étage, S. et F. dorment, enfin je suppose. Je suis tout secouer. Leurs mots, leur rire, leur danse raisonnent encore. Oh, mon Dieu, qu'elles sont belles! Insolentes, sûr d'elles mêmes, aux délicates rebuffades, elles vous déchirent l'espace, effacent les ardoises. Mon coeur, mon corps, mon âme - je ne peux localiser exactement, se brisent : elles m'engendrent.
Des bruits de pas se font entendre. Je monte. S. sort de sa chambre :
« Tu ne dors pas? »
« J'ai fait un cauchemar ».
« Quelque chose qui t'angoisse? »
De l'entre-deux de la veille et du sommeil, elle prétend que non. J'insiste, mais pas trop, prudent de ne pas forcer la boîte aux secrets.
Il fait nuit encore. Le ciel noir rejoint le noir de l'océan. Je fends la nuit de mes phares blancs jusqu'à la gare. Les Sables d'Olonne – Paris : TGV. Train de Vie à Grand Vitesse.
Eric Waroquet
Mr Waroquet,
RépondreSupprimerMerci <3. Vous faites de beau poèmes.
S.