dimanche 21 février 2010

Le symptôme court toujours

Le symptôme court toujours; il est fait pour ça. Pour qu'on ne puisse pas l'enlever. Comme le dit le lieutenant Rainer, dans Tarantino.
Le symptôme, pour se souvenir qui on est, ce qu'on fait là, quel est notre job, notre affaire. Un truc en filigrane. On peut détecter les faux. Les faux court les rues. Vu que le symptôme a mauvaise presse : fais pas ci! Fais pas ça! Tu devrais... Tu devrais pas... Ils ont même réussi à priver Sartre et Gainsbourg de cigarette. Le symptôme, ton symptôme, c'est ta signature sensorielle secrète.
Pas de symptôme, pas d'artistes! Pas de Joyce, de Rilke, de Bacon , ni de Rimbaud, ni de Boltanski, encore moins de Schubert, de Miles Davis ou de Debussy. Le fascisme c'est l'aversion totale pour le symptôme : le symptôme-rat, le symptôme-poux.
Connais ton symptôme, attrapes par les couilles et ne le lâches plus. Valeur sûre : tu ne peux pas faire autrement.

Pierre Babin

Sur le sillage de...

Sur le sillage de Tarantino, on pourrait dire que l'insolence d'un Bastard, serait de mettre à quelqu'un quelque chose qu'il ne pourra jamais enlever.
Et ça pourrait être autre chose qu'une blessure, un coup ou une injure! Ça pourrait même une marque dans laquelle on se reconnaitrait; quelque chose d'autre qui nous ressemblerait. Qui dirait une part de notre ombre, de notre vérité... ( si ce mot n'est pas trop pompeux).
On a des souvenirs comme ça, que jamais rien ne pourra nous enlever. Ça peut contribuer à notre portrait, à notre filigrane secret. Oui, bien sûr, dans "filigrane", il y a "fil", comme dans "filiation... Alors tout ça serait donc cousu de fil blanc! C'est un peu comme ça, en effet. Alors, pour ne pas oublier cette couture, et comment ça a été cousu - ce qui constitue notre puits de pétrole inépuisable, merci Total!- cultivons notre symptôme.
Symptôme : ce qui nous est de plus familier, de plus solidement ancré, sorte de signature ou de code sensoriel, un mode de relation privilégié et unique avec l'objet, quelqu'il soit : nourriture, amour, éléments, langue étrangère, rythme, sonorités, couleurs, parfums... Le Baudelaire de chacun.
Symptôme : ce que de toutes part, et avec une insistance lassante, on a toujours voulu qu'on s'en débarrasse. Des insistances familiales, conjugales, religieuses, professionnelles, amoureuses, de toutes nature, contre une insistance à nous propre. It's my own disent les Anglais. Ce que tu ne peux pas faire autrement
Chope ton insistance à deux mains et cogne avec!

Pierre Babin